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LOT 12 CHU TEH-CHUN (1920-2014) SANS TITRE, 1966 Gouache sur papier Signé en mandarin et en pinyin et daté 66 en bas à droite Dédicacé, contresigné, daté et annoté “Pour ma chère amie Paulette Klex très cordialement [Chu Teh-Chun] 1966 n°284” au dos Gouache on paper signed in Chinese and in Pinyin and dated 66 lower right dedicated, signed, dated 1966 and numbered 284 on the reverse 38 x 26,5 cm - 15 x 10 3/8 in. Estimation : €15,000-20,000 L’important ensemble d’œuvres présenté sous les lots 8 à 16 témoigne des liens étroits tissés entre Chu Teh-Chun et la famille Klerx durant plus de 30 ans. La rencontre en 1958 de l’artiste avec Sacha Klerx, alors directeur artistique de la Galerie du Haut-Pavé, marque en effet le point de départ d’une longue relation d’amitié entre les deux familles mais aussi un véritable tournant dans la carrière de Chu Teh-Chun. Ayant grandi dans un milieu lettré, Chu Teh-Chun est très tôt animé d’une passion pour la peinture traditionnelle chinoise transmise par son père, médecin et collectionneur. Il intègre à 15 ans la prestigieuse école des Beaux-arts de Hangzhou et obtient si brillamment son diplôme qu’il se voit rapidement nommé professeur à l’Université Centrale de Nanjing puis à l’Université nationale de Taïwan, en charge de l’enseignement de la peinture occidentale. Chu Teh-Chun est alors un artiste accompli, doté d’une maîtrise technique incontestable. Cependant, le voyage vers l’Occident s’impose dans son esprit. Enserré dans les milieux traditionnalistes qu’il fréquente et préoccupé par les incertitudes politiques et économiques de son pays, il rêve de Paris et de se mesurer à cet art occidental, synonyme de liberté. Grâce à l’argent que lui rapporte une petite exposition à Taipei, il réalise enfin ce projet et arrive à Paris en 1955. Il s’inscrit alors à l’académie de la Grande Chaumière et visite notamment le Louvre afin d’étudier sur le vif les œuvres originales pour lui si familières. Le véritable choc survient en 1956 à l’occasion de la grande exposition rétrospective Nicolas de Staël au Musée national d’Art Moderne. Chu Teh-Chun le relate dans une interview accordée à Gérard Xuriguera : « [elle] fut en effet pour moi une véritable révélation de la liberté d’expression. Dès lors je me libérai de mes vingt années de travail figuratif pour suivre ma propre voie dans la peinture non-figurative. Ainsi lentement je suis retourné vers la pensée inspirant la peinture traditionnelle chinoise. J’ai découvert la poésie qui l’habite, et cette manière d’observer la nature qui est proche de la peinture néo-impressionniste occidentale et plus encore de l’art abstrait. Travaillant inconsciemment à la synthèse des deux cultures, je retenais l’émotion comme choc moteur et la prolongeais en expression picturale pour en épuiser la profondeur. » (in Les Années 50, Arted, 1984). Ce sont aussi des rencontres décisives qui lui permettent de s’introduire dans le milieu artistique de la capitale et marquent un grand tournant dans sa peinture. Parmi celles-ci, le sculpteur Albert Féraud avec qui Chu Teh-Chun exposera à plusieurs reprises, mais surtout le Père Régamey, critique d’art éminent, et le Père Vallée qui vient de fonder en 1954 la Galerie du Haut-Pavé. Sacha Klerx, le directeur artistique, est si enthousiaste à la vue des travaux de Chu Teh-Chun qu’il lui offre sa première exposition parisienne en 1958. Dans la série d’œuvres présentées, dont la toile Sans titre proposée sous le lot 10, le spectateur peut aisément déceler l’influence de Staël non seulement dans les empâtements, la profondeur et la richesse de la matière, mais aussi dans l’organisation de la composition. À propos de cette période, Georges Boudaille affirme : « Ce n’est pas par des audaces dans la facture que se manifeste sa personnalité, mais par la poésie typique qu’il sait insuffler à son œuvre. Sa palette même se cantonne dans des harmonies sages où dominent ces couleurs classiques entre toutes : le noir, le rouge et le gris. Il les utilise avec beaucoup de sobriété et ne cède pas à la facilité des contrastes […] Chu Teh-Chun contrôle ses effets avec rigueur et joue essentiellement sur la répartition des masses dans la composition et l’organisation de la surface. » C’est à l’occasion de cette exposition de 1958, sous l’impulsion de Sacha Klerx, que l’artiste, libéré des contraintes du visible et de l’image, résolument tourné vers l’abstraction, rencontre ses premiers succès parisiens. Il est immédiatement remarqué, notamment par quelques lignes du Monde. Porté par ce succès, il passera la porte de la Galerie Legendre où il sera accueilli par son directeur artistique, Michel Ragon, critique et militant actif de l’abstraction, avant de se voir proposer quelques mois plus tard un contrat de six ans par le nouveau directeur Maurice Panier.